http://lecrivaillonnne.skyblog.com/ Lécrivaillonnne: novembre 2006

mercredi, novembre 29, 2006

Montreuil


Montreuil, c’est la grand- messe de la littérature jeunesse. Tous les éditeurs qui se respectent y ont un stand.
L’idée est bonne. La littérature jeunesse, j’y crois (bah tiens donc !), je suis la première à vouloir la promouvoir. Seulement, il y a juste un détail qui me chagrine : c’est conçu exactement sur le modèle de la Foire Agricole.
Sauf qu’il n’y a pas Chirac… Ca serait rigolo d’ailleurs, Chirac soupesant le dernier Titeuf en s’exclamant : « Eh ben, y’a pas un poil de gras, c’est tout du bon ! ». Et Zep répondant « Y’a un peu plus que le kilo, je vous le laisse ? ». Raffarin, lançant une raffarinade : « Ce que j’aime dans Mini-Loup, c’est qu’il a la positive attitude ».
Christine Boutin, quant à elle, serait farouchement opposée à l’union de Oui-Oui et de Bob le bricoleur…
Mais la place des gosses, là dedans ? La densité est digne du pire élevage de poules en batterie, il y fait une chaleur humide d’environ 50 degrés, les stands sont pile à la bonne hauteur pour les Harlem globe- trotters…
On signe, on signe, on ne voit personne, on finit par écrire des grosses conneries (« Anaïs, t’es un super garçon »… , « Pour Pauline qui aime sa tétine et aussi la bibine », pour « Paul qui a un papa très mignon »…). Les gens s’engueulent des fois « Madame, j’étais là avant vous ! Ca fait deux heures que j’attends ma dédicace de « Respecte ton copain », alors reculez ou je vous en mets une… »), les petits veulent rentrer, les bébés sont "désir-grattés" ( dixit ma Pépite).
Non, vraiment, c’est vraiment un truc commercial…
Je n’y vais que parce que je peux embrasser M., l’illustratrice avec laquelle j’adore bosser et avec qui j’ai fait une douzaine d’albums. Et Isabel, notre éditrice.
M. c’est ma jumelle d’humour. J’écris une phrase, elle fait un dessin. Pas redondant, pas une simple illustration. Non, elle va toujours plus loin. Avec elle, pas la peine d’en rajouter dans le texte, je peux faire sobre, elle part dans le délire. Elle décide du découpage, du format.
Elle râle après le mec qui fait les couleurs à l’imprimerie. On l’appelle Garcimore. M. met un rose, hop, passent passent les petites souris, c’est devenu orange ! Et il s’exclame « Des fois cha marche, des fois cha marche pas ! ». J’adore M. parce qu’elle est absolument entière. Elle est sûre. Moi, si on me dit qu’un passage ne va pas, je doute, je corrige, je ratiocine, je me bile. M. jamais.
Et elle fonce dans le tas. Elle a raison de ne pas douter d’elle, c’est toujours elle qui a raison, in fine. Ce qui me bluffe, c’est sa capacité, non seulement à le savoir vite, mais aussi à le dire, sans transiger. Elle est précise, pointue, et en même temps, elle a cette facilité à se laisser embarquer, cette disponibilité...
Et puis, ce qu’on partage, M., Isabel, notre éditrice qui marche à la passion et moi, toutes les trois, c’est nos personnages.
On les aime. On en parle comme des vraies personnes. On a envie de leur donner plus de vie, d’aventures, du corps. On se dit « Ca c’est Nina », « Ca c’est la Coquette »...
Qui peut comprendre ça ?
Si, on le voit. Je sais pas, le mec qui a construit un barbecue dans son jardin et qui est fier, qui le montre à tous ces voisins, ses potes… Les autres ne voient qu’un barbecue maison, mais le type, il voit son rêve, son énergie, ses désirs, sa sueur. Alors, purée, celui qui balance un mégot dans son barbecue, il risque gros !par contre, le jour où il rencontre un autre bricolou fou, il est content ! Il vont pouvoir construire un truc dont le facteur Cheval serait jaloux !
Faut être balaise pour entrevoir que derrière tout ça se révèle, en filigrane, ce qu’on a de plus vrai et de plus intense.
Alors, nous trois, on se cause de ce qu’on sait. Notre petit secret. C’est pour ça que j’y vais, à cette foire aux bestiaux.
Pour ce tout petit clin d’œil entre nous, pour être ensemble, pour être comme les français à l’étranger , pour parler la même langue…

PS : j'ai l'autorisation de M., elle veut bien que je publie ce post. Parce que, franchement, c'est hyper facile de l'identifier...

lundi, novembre 27, 2006

Benny Hill contre le cancer


Je sors à l'instant d'un centre d'imagerie médicale. Ai passé un scanner ( vous bilez pas, c'est juste mes sinus qui m'enquiquinent),
"Vous avez des tout petits orifices, Madame, c'est pour ça que vous êtes bouchée", m'a sussuré benoîtement le gentil docteur.
- Et on peut faire quelque chose, Docteur ?
- Bah, oui, on peut faire une peneumatisation (traduction approximative). On peut vous trouer l'os. Des petits trous réguliers...
- Ha ! C'est bien ça !
- Oui, c'est bien. Mais après vous allez parler avec la voix de Daffy Duck.
- Toute la vie ?
- Oui.
- Ho bah alors, je vais réfléchir, au revoir Monsieur.
Dans sa salle d'attente, c'est Tchernobyl dix ans après. Que des malades, des vrais. Pas de la gnognotte comme moi et mes petits canaux bouchés. Je vous passe la description parce que ça casse vraiment le moral. Juste un exemple : un monsieur laryngectomisé, donc privé de voix. La dame de l'accueil appelle, tonitruante :
- MONSIEUR TRUCMUCHE !
Le monsieur lève la main. Mais aucun son, bien sûr.
La dame, tête dans son ordi, supra tonitruante :
- MONSIEUR TRUCMUCHE !!!
le pauvre gars se lève, en traînant sa potence, mais pas assez vite :
- MON-SIEUR TRU-QUE-MU-CHE !!!
Bref, vous voyez l'ambiance. Pour faire patienter les patients impatients, une télé. Réglée sur une chaîne du câble.
Et quoi qui passe ? Vidéo-gags !
Que des gadins monstrueux, que si le gars est encore vivant après, c'est qu'il a vendu son âme au Diable, des électrocutions, des andouilles qui se foutent le feu au derrière en pétant, des mamies bourrées, en panty sur la piste de danse au remariage de leur conscrite...
Mais qui a eu cette ideé ? Vidéogags ! Quel fin psychologue s'est dit que ça distrairait les gens qui attendent de savoir s'ils seront toujours vivants à Noël? Qui a pensé " tiens, on va leur mettre Canal Tagadaprout, ça va leur changer les idées, aux "stade terminal". Quel carabin (bine) a formulé l'hypothèse qu'en attendant le verdict, une bonne petite histoire de Toto leur décoincerait le noyau ?
Non, mais ! Vidéogags ! Et puis, après, je sais pas, le Collaro show contre la chimio ? Interville durant la coloscopie ? Le Big deal pour faire passer la pastille ? "La classe" quand on trépasse ? " A prendre ou à laisser pendant l'amputation ?"

Allez, pour me trouer les os, le Muppet Show et "les cochons dans l'Espaaaaace", ou les aventures du Professeur Enrico Chonaille, le chirurgien orthopédiste à qui la médecine cassait les pieds"...

mardi, novembre 21, 2006

Ma moustache !




Et voilà !

vendredi, novembre 17, 2006

Explication de texte, ou " mieux vaut raser sa moustache que d'acheter une cheminée bio"...


Il est grand temps de vous expliquer l’énigmatique message proposé en exergue sur le blog de Nanne : « Mieux vaut raser sa moustache que d’acheter une cheminée bio ».
A Nancy, vient d’ouvrir une boutique appelée « BIOCHEMINEES ». Je l’ai découverte en passant devant, tout bêtement et j’ai cru un instant que, comme le dit si bien mon vieux pote Téo, je subissais les conséquences neurologiques du fait que j’ai été bercée trop près du radiateur (et pas de la cheminée).
En effet, sous mes yeux ahuris, je découvre : une cheminée sans conduit ! Posée en plein milieu de la vitrine…
Quoi ? Mais une cheminée sans conduit, c’est comme un couscous sans moutarde, un baiser sans herpès, une belle fille à qui il manque de l’harissa !
Mais si c’est possible, c’est géant !
Déjà excitée, je pénètre dans le magasin : il y fait une chaleur de vestiaire en fin de journée, les odeurs en moins…
La jeune et avenante vendeuse m’explique le truc : c’est une cheminée totalement écolo, qui marche à l’alcool de betterave, qui pollue moins que la flamme d’une bougie (pas de fumée), qui chauffe une pièce en quelques secondes et qu’on embarque dans sa Clio quand on divorce…
Ouah ! J’ai toujours adoré les cheminées ! J’ai mon échelle themostatique à moi : entre 1,50 m et 1,80 m du foyer : trop froid, moins de 10 cm : trop chaud, 40 cm, 46 degrés : parfait !
Quand j’étais petite, je passais mes journées les pieds dans le fourneau de ma mémé, à bouffer des tartines de haricots rouges et à lire des précis de mécanique (l’une des ces affirmations est fausse, cherchez laquelle).
Je rentre dans ma maison sans cheminée en courant dans ma voiture et je raconte tout ça en haletant à mon monsieur.
Sceptique, le gars.
- Mais si mais si mais si ! Va voir !!!!
Quelques jours plus tard, il revient de sa promenade en ville digestive, les bras chargés de documentation cheminière. Et reconnaît, bon prince, que c’est vraiment chouette, en fait super, carrément incrédibeule .
- Alors on l’achète on l’achète on l’achète ?????
- Ca te fait plaisir ?
- Oui oui oui oui oui !
- Mais c’est un gadget, non ? On n’en a pas vraiment besoin…
Respectueuse de ses arguments, à l’écoute, toute en retenue, mesurée comme à mon habitude, j’émets cependant une légère contradiction :
- Mais t’es beubeu ou quoi ? A ce train là, partir en vacances, c’est un gadget, manger du dessert, c’est un gadget, lire des livres c’est un gadget, faire des gosses, c’est un gadget, vivre avec un hom….
- C’est vrai, tu as raison… ( ha, il le reconnaît enfin !). Il faut se faire du bien, sinon, ça sert à rien de vivre… Et tu aimes quel modèle ? Le « grande pyramide pyrotechnique » ou le « petit demi-foyer d’un soir de février » ?
Après une enquête approfondie consistant essentiellement en une longue liste de questions plus pertinentes les unes que les autres (On peut le mettre dans le jardin si on en a envie ? On peut y faire griller des chamallows ? Des saucisses non plus alors ? Ca brûle si on touche la flamme ? Ca risque pas de chauffer l’eau du poisson rouge si on pose le bocal dessus ?).
Bref, achetée, voilà, c’est fait. Trop tard…
Je rentre guillerette et lance la formule qui est devenue le running gag de la famille depuis 5 ou 6 ans :
- Ha, ça caille, les enfants, faites du feu dans la cheminée !
A quoi ils répondent en cœur, depuis 5 ou 6 ans :
- On n’ PAS de cheminée !
Là, je dois avoir l’air à la fois surprise et déçue… Ce soir-là, jubilant à l’avance de l’effet que je vais produire, je m’écrie :
Eh ben si ! On en a une, de cheminée !
Et là,
Consternation.
Stupeur et tremblements comme dirait l’aut’folle qui mange des fruits pourris (pas des betteraves ?).
Bref, tout ceux à qui je l’ai dit (sauf mes Caroles, merciiii !) m’ont traitée de pétée du casque.
Voici un petit florilège de ce que je subis stoïquement depuis 10 jours :
- Tu les plantes quand, tes betteraves, dans ton jardin ?
- Vache ! Ca pue la betterave, non ? Laisse tomber, c’est les Naumann qui font une flambée.
- Mmmm, c’est quoi ton parfum ? Mais c’est Bet’ rav for ever, de chez José Bové !
- T’as du suc ‘ kiki ? Ha oui, mais pas raffiné, hahaha !
- Ousqu’il est ton alambic, kiki, pour fabriquer ta gnôle de betterave ?
- Sinon, pour le ramonage, un bon coup de binette, hein !!!
La nuit, je me couche, un peu désorientée.
Je rêve :
Je me rends compte que j’ai une moustache. Mais pas une moustache normale à la Groucho, non, j’ai une dizaine de gros poils noirs au dessus de la lèvre, comme des lombrics, animés d’une vie personnelle assez molle et qui gigotent au gré du vent … Je me dis « Hou ! Mais c’est pas trop joli ça. C’est même un peu moche. Tiens, je vais me raser. «
Ce que je m’empresse de faire. Puis je descends et tout le monde m’attend. Les gens me donnent des tapes pleines de condescendance et d’encouragements mêlés :
- Hé ben tu vois ! Quand tu veux ! T’en as des idées normales ! C’est bien ça ! Continue comme ça ! Ca c’est une bonne initiative, bravo ! Allez, on est avec toi ! Tu vois, c’est bien, voilààààààààààààà, good girl….


Oui, risez, risez, rizez tant que vous voulez, mais n’oubliez pas : mieux vaut raser sa moustache ET acheter une cheminée bio !

mercredi, novembre 15, 2006

tradouttorrrré traditorrrré


Je fais des recherches sur les traumatismes crâniens et leurs conséquenses... Je tombe sur un site très sérieux... Dont la traduction (enfin, j'éspère qu'il s'agit d'une traduction !) est fort drôle. Le plus cocasse, c'est qu'on comprend tout, finalement !
Voici :

"Comment la famille peut faire face à des dommages principaux graves

Recevoir un appel d'urgence de l'hôpital, voyant quelqu'un qui est cher à toi sans connaissance et entouré par l'équipement du soin intensif, et aux jours de dépense se reposant par eux et attendant, peut être plus mauvais que tout ce qui est arrivé à toi avant.

Il peut être plus que vous pouvez traiter tout seul, pourtant vous pouvez le trouver difficile à demander l'aide ; beaucoup de gens sentent de cette façon. Essayez de partager le fardeau - apportez d'autres membres de votre famille, et ne soyez pas peu disposé à demander au personnel l'aide.

Vous penserez toute heure ce qui être la fin de résultat va. Essayez d'accepter qu'aux parties il est non possible simplement que n'importe qui dise. Le personnel peut te dire que ce que sont les dommages, mais ils peuvent seulement deviner si le patient vivra, et quelle sorte du rétablissement ils feront. Ne vous attendez à rien plus défini que ceci.

La peine est naturelle à ce stade, et vous ne devriez pas avoir honte pour l'exprimer. Faites attention, bien que, que vous ne gaspillez pas votre énergie la colère ou en recherchant quelqu'un de blâmer. Ceci augmente seulement l'effort, et peut vous arrêter traitant les besoins réels de la situation.

Si vous ne semblez pas obtenir n'importe où, n'hésitez pas à demander au personnel d'hôpital d'assurer toi pour voir un conseiller expérimenté.

Soumettez à une contrainte et comment traiter lui

Pour votre propre santé, et de sorte que vous puissiez être la plupart d'utilisation à la personne que vous vous inquiétez de, vous devez savoir ce que sont les signes de l'effort, et connaître quand vous ne faites pas face à elle correctement. Êtes vous :

Sommeil mal et étant fatigué toute la journée

Ne pas s'occuper

Perdre votre trempe avec vos meilleurs amis

Tournant vos problèmes à plusieurs reprises sans obtenir n'importe où

Utilisation de la boisson ou des comprimés somnifères pour oublier

Seul se sentant, et ce personne comprend ou s'inquiète

Insister pour faire tout vous-même

Recherche de quelqu'un pour blâmer

Si vous répondiez oui à certaines de ces derniers interrogez, l'effort arrive probablement une étape sérieuse, et toi le besoin de faire quelque chose traiter lui.

Essayez de se tenir en arrière de vos problèmes et de les regarder comme si vous étiez quelqu'un d'autre. Vous pouvez trouver alors que vous pouvez traiter eux vous-même.

Peut-être vous pouvez regarder l'aide que vous obtenez d'autres et trouvez où elle pourrait être augmentée.

Si vous pensez vous avez besoin d'aide, ne vous niez pas parce que vous êtes trop fier de demander, ou le lancez trop. Elle est non seulement pour votre bien, mais pour le peuple qui dépendent de toi.

Trouvaille de beaucoup de gens il est utile d'obtenir l'aide de l'extérieur. Ceci pourrait parler des choses plus d'avec quelqu'un près de toi à qui vous faites confiance, ou il peut être plus facile avec un étranger, tel qu'un conseiller professionnel."

Voilà. Vous pouvez vérifier ! ici

PS : tant que j'y suis, je recherche des témoignages d'adolescents traumatisés crâniens : leur vécu de l'hôpital, de la rééducation, du personnel soignant, modifications psy, réapprentissage de la vie, reprise des études, des amitiés, des rapports amoureux, anecdotes drôles ou tragiques, tout quoi ! C'est pour un gros boulot, un bouquin... vous pouvez m'envoyer un message privé si ça vous parle...

dimanche, novembre 12, 2006

merci les amis !


Depuis mon post sur la boîte aux lettres maudite, nos amis ont gentiment déposé dans cette dernière une anthologie prospectussière des plus sélectives : promo Lidl, édition collector 2004 : "Deux boîtes de cassoulet William Garbit pour le prix de deux", L'est républicain du 12 mai 1997, avec en première page : "Attentat à la fabrique de confiture de Pompey : sept tonnes de gelée de coings parfumées au hashish", l'Equipe du 2 août 1003, avec le fameux jeu de mots sur L'ASNL" le Sale air de la sueur", L'annonce de l'ouverture exceptionnelle de Thiriet sur papier glacé, 20% sur la tarte savoyarde...
Le tout pesant environ 7 kilos, soit un dixième d'arbre. Et on ne pourra même pas s'en servir pour allumer la cheminée ( private joke pour les Chicos, les Guigui, les Vavars... Pour les autres, patience, je vous raconterai plus tard ma conduite addictive avec les cheminées)!

Merci, les potes !

jeudi, novembre 09, 2006

Poe aime !

Mon Ami Théo me fait cadeau de certains de ses textes. Son poème me touche. il veut bien que je le partage avec vous. Merci, Ami !

L'enfant.

Je l'ai croisé

un matin je crois




il traversait la rue

il traversait la vie




Avec ses yeux

comme des feux

et ses cheveux

comme des herbes




deux bras

deux branches

un dos

un tronc

couvert de fleurs




il courait

il volait




deux oreilles rouges

de trop de vent

et un habit

couvert de boue




en passant

son sourire a volé mon âme

et mon âme

pas rancunière

comme d'un cheval à l'autre

s'est fait la malle




en passant

il a pris ma peau aussi

il l'a lavée à grand jet de rire

et ma peau est partie

rejoindre mon âme

dans son sac d'écolier




je suis resté

bras ballants

du moins mes restes

en solitude

et vieilles défroques

regardant s'éloigner

l'enfant qui riait...

mercredi, novembre 08, 2006

Le calme se rebiffe


Mon Yéti est l'homme le plus pacifique du monde. Pour l'énerver, faut vraiment y aller. C'est pas comme moi.
Un jour, le gars de chez Fly spécialement formé à la mauvaise foi dans une école Bac + 12 finit par venir chez nous, après que je lui aie téléphoné si souvent que France Télécom a vérifié si notre ligne n'était pas piratée. J'avais appelé parce que notre canapé tout neuf ressemblait, au bout d'une petite semaine, à une serpillière sur laquelle des boxers en rut auraient bavé (je parle des chiens, pas des sportifs...Quoique...).
Le commercial commence à dire que ce canapé est nickel, reniant ainsi son père, sa mère et condamnant ses enfants à brûler en enfer jusqu'à la 75 è génération ou pire, à manger toute leur vie dans des cantines Sodexho.
Puis, il adopte le ton culpabilisateur : " Mais Zenfin, Vous zavez versé de l'acide dessus ou quoi ?". Pour terminer, il tente le coup de grâce : " Haaaaaa ! J'ai compris : vous vous ASSEYEZ DESSUS !!! Madame, Monsieur, un canapé de ce prix, on ne s'y assoit que de temps en temps, le dimanche, en rentrant de la messe... C'est pour çaaaaaa ! Bien sûr ! Vous ne saviez pas ? (ton mielleux). A cet instant, je l'ai regardé et j'ai dit, avec les dents si serrées qu'il a fallu me les desceller au burin après : " Je vais vous casser la gueule, connard".(Vous noterez que je ne me suis pas départie d'un vouvoiement poli).
Oui, je suis classe, cool, j'aime le dialogue, la discussion, je fais appel à l'intelligence de l'autre...
Mon Cloclo, lui, il reste zen en toute circonstance. Mais ces derniers jours, il s'est un peu énervé. mettons-nous en situation :
On a mis l'autocollant " pas de pub" sur notre boîte aux lettres. Et les pubs continuaient. Claude chope le gars et lui signifie clairement que l'autocollant n'a pas été collé dans le but de faire de l'art urbain mais bel et bien pour que le message soit entendu. Les pubs continuent. Mon maître yogi rechope le mec et re-redit le truc.
Le gars lui répond qu'il manque un petit bout à l'autocollant, et qu'il en a donc déduit que désormais, nous avions changé d'avis, que nous mourions d'envie de commencer une collection de prospectus...
Alors, il s'est un peu fâché, mon musclé. Devant le mec, au marqueur pourdébile, il a relooké la boîte...
J'aime bien...
Ca me plaît, les mecs qui en ont...

Ill : véritable et authentique photo de notre boîte aux lettres, revue et corrigée par Claude N, dit "Terminator"

dimanche, novembre 05, 2006

Comment j'ai failli être fichée au grand banditisme


Je n’aime pas faire les courses. C’est pour moi l’un des inconvénients majeurs d’avoir une famille nombreuse.
C’est plus fort que moi, me retrouver en train de pousser à grand peine un caddie qui a été marabouté pour m’obliger à m’arquebouter durant trois quarts d’heure me déprime… Alors, je me dépêche. Et pour ce faire, ne rigolez pas, je prends les mini-caddies. Oui, vous savez, les caddies pour les ti-papoutes, pour qu’ils n’emmerdent pas trop leurs parents pendant qu’ils enrichissent Monsieur et madame Auchan…
- Objection, votre Honneur ! Ces caddies sont rien que pour les petits ! Une personne normale ne peut les diriger sous peine de se retrouver à « Urgences- Sciatiques » en moins de deux.
- Objection rejetée. J’ai la taille d’un enfant, je pousse les caddies idoines et pis c’est tout.
Me voici donc surfant dans les allées. Et j’entasse, j’entasse, je me souviens soudain que je dois acheter des gros cadres. Je les dispose harmonieusement dans ma brouettine et je demande au monsieur de l'accueil, celui qui a des manches courtes et des gros bras croisés si je peux sortir du magasin avec cette petite brouette.
Il me répond que non, c’est pas possible, Madame, laissez vos affaire et allez en chercher un grand, de caddie …
Et là, le miracle sans cesse renouvelé que je n’ai jamais réussi à définir avec précision (charme personnel incroyable, sex appeal inluttable ou air de pauv' fille perdue ?)s'accomplit : dans un grand geste magnanime, il me dit « Allez y, va ! ».
Soulagée, je fais mes petites commissions et me voilà me dirigeant fièrement vers ma voiture, avec la satisfaction du devoir accompli. Je transvase mes affaires dans le coffre et me retrouve face à ce bébé caddie. Oh ! Comme il est mignon ! Il est trop chouuuuu ! Et puis il est là, tout seul dans cette immensité anonyme et agoraphobicogène. Il me regarde avec ses petites roulettes fragiles et sa mignonne barre rouge, son minuscule drapeau flottant doucement, comme une supplique... Forcément, je suis émue, moi ! J’ai soudain un élan sentimental : et si je l’adoptais ? J’imagine ma Pépite le poussant dans le couloir, ma Pépite à la piscine, lui apprenant à faire la baleine, ma Pépite dormant avec, les anniversaires, les Noëls, son petit grillage tout frémissant d’impatience… Le coffre est ouvert, il me dit : « Allez, deux secondes et ce caddie remplira de joie la maisonnée toute entière, tu lui offriras un bien meilleur destin que celui qui l’attend ici... »
Le parking est quasi désert…
Mais soudain, je me souviens du Monsieur aux avant-bras hypertrophiés. Non. Je ne peux pas lui faire ça. Ca ne serait pas gentil du tout ! Non, non, non, pas bien !!!!!!!!!!! Ouh ! Vilaine ! Affreuse ! Des années d’éducation, du catéchimeuseu, du secours populimeusseu, du socialimeusseu, et tout ça pour mentir à un pauvre vigile innocent !!!!
Et puis, si je veux que ma fille devienne une féministe engagée comme sa mère (c’est –à- dire qu’elle fasse la gueule chaque fois qu’elle touche une serpillière), c’est peut-être pas avec de tels cadeaux que ça va fonctionner…
Je reprends donc le chemin du centre commercial, pour rendre à ses tortionnaires celui auquel j’étais déjà attachée. Devant les portes automatiques, trois messieurs aux très très gros avant-bras. Je réalise avec un effroi rétrospectif que c’est MOI qu’ils attendent ! Depuis tout à l’heure ! Ils ont dû me suivre, me surveiller, l’autre tout-nu des bras leur a probablement dit « Hou, celle-là, elle a une tête à piquer les caddies ! May day ! May day ! Je demande des renforts ! Une dangereuse activiste des Brigades Intercommunales de Libération des K.Dies».
Non mais vous vous rendez compte ? Arrestation à l’américaine, ils m’auraient plaquée sur le capot de ma voiture (oulalala !), mis des menottes ( hahhhhhhaaaaa !), ces trois hommes sur moi ( hiiiiiiiiiiiiiii !). Avec un peu de chance, ils m’auraient fouillée…
Au journal télévisé, le beau Harry Roselmak aurait ouvert avec ces mots « Une respectable mère de famille, professeure, au dessus de tout soupçon était en fait à la tête d’un réseau de trafic de chariots de supermarché ! ». Les voisins témoigneraient : « Bah, elle avait l’air très bien, al’disait toujours bien bonjour et tout, non, ça on n’aurait pas crû… ». mes enfants placés, mon mari déshonoré, pendu dans le garage...
Pffff, je l’ai échappé belle !