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dimanche, novembre 05, 2006

Comment j'ai failli être fichée au grand banditisme


Je n’aime pas faire les courses. C’est pour moi l’un des inconvénients majeurs d’avoir une famille nombreuse.
C’est plus fort que moi, me retrouver en train de pousser à grand peine un caddie qui a été marabouté pour m’obliger à m’arquebouter durant trois quarts d’heure me déprime… Alors, je me dépêche. Et pour ce faire, ne rigolez pas, je prends les mini-caddies. Oui, vous savez, les caddies pour les ti-papoutes, pour qu’ils n’emmerdent pas trop leurs parents pendant qu’ils enrichissent Monsieur et madame Auchan…
- Objection, votre Honneur ! Ces caddies sont rien que pour les petits ! Une personne normale ne peut les diriger sous peine de se retrouver à « Urgences- Sciatiques » en moins de deux.
- Objection rejetée. J’ai la taille d’un enfant, je pousse les caddies idoines et pis c’est tout.
Me voici donc surfant dans les allées. Et j’entasse, j’entasse, je me souviens soudain que je dois acheter des gros cadres. Je les dispose harmonieusement dans ma brouettine et je demande au monsieur de l'accueil, celui qui a des manches courtes et des gros bras croisés si je peux sortir du magasin avec cette petite brouette.
Il me répond que non, c’est pas possible, Madame, laissez vos affaire et allez en chercher un grand, de caddie …
Et là, le miracle sans cesse renouvelé que je n’ai jamais réussi à définir avec précision (charme personnel incroyable, sex appeal inluttable ou air de pauv' fille perdue ?)s'accomplit : dans un grand geste magnanime, il me dit « Allez y, va ! ».
Soulagée, je fais mes petites commissions et me voilà me dirigeant fièrement vers ma voiture, avec la satisfaction du devoir accompli. Je transvase mes affaires dans le coffre et me retrouve face à ce bébé caddie. Oh ! Comme il est mignon ! Il est trop chouuuuu ! Et puis il est là, tout seul dans cette immensité anonyme et agoraphobicogène. Il me regarde avec ses petites roulettes fragiles et sa mignonne barre rouge, son minuscule drapeau flottant doucement, comme une supplique... Forcément, je suis émue, moi ! J’ai soudain un élan sentimental : et si je l’adoptais ? J’imagine ma Pépite le poussant dans le couloir, ma Pépite à la piscine, lui apprenant à faire la baleine, ma Pépite dormant avec, les anniversaires, les Noëls, son petit grillage tout frémissant d’impatience… Le coffre est ouvert, il me dit : « Allez, deux secondes et ce caddie remplira de joie la maisonnée toute entière, tu lui offriras un bien meilleur destin que celui qui l’attend ici... »
Le parking est quasi désert…
Mais soudain, je me souviens du Monsieur aux avant-bras hypertrophiés. Non. Je ne peux pas lui faire ça. Ca ne serait pas gentil du tout ! Non, non, non, pas bien !!!!!!!!!!! Ouh ! Vilaine ! Affreuse ! Des années d’éducation, du catéchimeuseu, du secours populimeusseu, du socialimeusseu, et tout ça pour mentir à un pauvre vigile innocent !!!!
Et puis, si je veux que ma fille devienne une féministe engagée comme sa mère (c’est –à- dire qu’elle fasse la gueule chaque fois qu’elle touche une serpillière), c’est peut-être pas avec de tels cadeaux que ça va fonctionner…
Je reprends donc le chemin du centre commercial, pour rendre à ses tortionnaires celui auquel j’étais déjà attachée. Devant les portes automatiques, trois messieurs aux très très gros avant-bras. Je réalise avec un effroi rétrospectif que c’est MOI qu’ils attendent ! Depuis tout à l’heure ! Ils ont dû me suivre, me surveiller, l’autre tout-nu des bras leur a probablement dit « Hou, celle-là, elle a une tête à piquer les caddies ! May day ! May day ! Je demande des renforts ! Une dangereuse activiste des Brigades Intercommunales de Libération des K.Dies».
Non mais vous vous rendez compte ? Arrestation à l’américaine, ils m’auraient plaquée sur le capot de ma voiture (oulalala !), mis des menottes ( hahhhhhhaaaaa !), ces trois hommes sur moi ( hiiiiiiiiiiiiiii !). Avec un peu de chance, ils m’auraient fouillée…
Au journal télévisé, le beau Harry Roselmak aurait ouvert avec ces mots « Une respectable mère de famille, professeure, au dessus de tout soupçon était en fait à la tête d’un réseau de trafic de chariots de supermarché ! ». Les voisins témoigneraient : « Bah, elle avait l’air très bien, al’disait toujours bien bonjour et tout, non, ça on n’aurait pas crû… ». mes enfants placés, mon mari déshonoré, pendu dans le garage...
Pffff, je l’ai échappé belle !

2 Comments:

Anonymous Anonyme said...

Alors, tu ne t'es pas décidée à devenir une délinquante ? pffff...

9:48 PM  
Blogger l'écrivaillonnne said...

Ben non, ni assassine, ni voleuse... Comme dirait ma Véro : " Ze suis déçuuuuuue !"

2:09 PM  

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