19h48. La femelle, apparemment excitée ( période ovulatoire ? A vérifier avec le labo) pousse des petits cris modulés :
- Les enfants, les enfants ! Descendez, ça va commencer ! On va allumer les bougies !
Aussitôt, les petits se regroupent autour du giron de la mère ( sauf le plus grand qui se déplace lentement et assez étrangement : pieds traînants, yeux au ciel et soupirs exacerbés).
19h49. Le mâle dominant tient à affirmer sa position de chef de tribu en émettant des borborygmes :
- Mais c’est pas possible ! Elle va le faire !
- Bien sûr qu’on va le faire ! Tiens, passe- moi les allumettes !
- Pfff ! Tu sais que c’est l’équivalent de 50 m en voiture ?
- Yes.
- Et tu sais que si tout le monde le fait, ça va provoquer une rupture énergétique et qu’on va devoir rallumer les centrales thermiques, ce qui va provoquer un pic de pollution énorme ?
La femelle semble piquée au vif ( contractions musculaires du visage, haussements d’épaules, crachats).
- Oui, je sais, je sais, mais c’est pour les enfants ! Pour que EUX, fassent attention ! Qu’ils soient sensibilisés…
- OK, Madame. Alors faudrait peut-être commencer par éteindre vos lumières, parce que quand tu es dans une pièce, on dirait Versailles…
La femelle est manifestement à la fois contrite et énervée ( strabisme divergeant, stridulations du larynx, clonies musculaires):
- Pandanlagueule !
Mais le mâle entend bien continuer à exprimer son désaccord :
- Et puis ne pas chauffer la salle de bains à plus de 50 degrés…
- Pandanlesdents…
19h55. La femelle hurle :
- On éteint tout !
La tribu est désormais dans une semi -obscurité, livrée à elle-même et aux bêtes féroces (alors que d’habitude, elle est livrée au journal de France Inter, ce qui fait peur aussi, ndt)
Le mâle :
- Ma radio elle est à piles, je la laisse…
La femelle est définitivement irritée :
- Ha ! Tu joues le jeu ou pas ?
Un des petits, le moyen, sent manifestement l’échauffement monter et tente une manoeuvre de diversion afin d’éviter l’affrontement. Il se met à chanter :
- Joyeux anniversaire, joy….
La mère se précipite :
- Non, arrête, je sais plus où j’ai mis les allumet…
Trop tard ! La tribu n’a plus de feu !
La toute petite femelle se met à hurler de peur :
- Haaaaaaaaa !
Son contre-ut lui permet de rivaliser les doigts dans le nez avec Elisabeth Swouatzko… Scwatrkof….Cswhartzko… Avec Maria Callas.
La femelle semble en transe, devant la catastrophe :
- Merde ! Andouille ! Faut que je retrouve le compteur, maintenant ! Pff, déjà qu’on a perdu le boîtier…
On entend distinctement le fils aîné prendre le parti de son père (identification identificatoire ?) en haussant les épaules ( oui, parfaitement, on entend son haussement d’épaules !).
19h58. Sonnerie stridente. La femelle post-pubère la fait cesser ( de quelle manière ? Confier cette étude à Roger, labo d’analyse phonique et de chiromancie) .
Elle pousse des petits hululements joyeux :
- Allo ? C’est qui ? Non, je te reconnais pas, je suis dans le noir…. Hihihi ! Oui, on l’a fait ! Je te laisse, Elinor pleure !
20h01. La tribu a retrouvé le feu. Aussitôt, les individus, rassurés s’agaillent dans tous les coins de la caverne. Le mâle pousse un grognement sourd :
- C’est pas trop tôt !
L’enfant numéro deux s’écrie :
- Yahoo ! On recommence demain ?
Conclusion : la tribu semble avoir été fortement perturbée par un évènement : la perte momentanée du Feu. On remarque alors un investissement de chaque individu dans la quête d’une nouvelle source de chaleur et de lumière ( sauf le mâle reproducteur qui, comme dans nombre d’espèces de primates se contente de se frapper la poitrine en faisant beaucoup de bruit). Rôle fédérateur de la mère à noter. Retour au calme dès le problème résolu. Il s’agit donc d’une société assez organisée, bien qu’hétérogène et peu subtile dans ses modes communicatifs et métacommunicatifs… Etude à poursuivre.