Lettre de rupture

Mon chéri, mon blogounet adoré,
Comment te le dire sans que tu te sentes blessé ? Sans que tu aies la désagréable impression d’être une petite crotte de mouche sur Hollywood Boulevard ?
Tu le savais dès le début, ma vie, c’EST Hollywood … Une vie de luxe et de paillettes, de grosses voitures toutes noires qui ne peuvent pas tourner dans l’allée des mirabelles, que dans les films,elles roulent toujours tout droit, mais si, tu sais, avec plein de roues (je sais plus comment c’est la marque, rooo, tu vois pas ? Elles sont fabriquées dans le Limousin…), une vie à 15 euros la coupe de Champomy… Une vie aventureuse que Indiana Jones il a l’air de travailler aux Chèques Postaux à côté, un peu la vie de Georges Clooney, mais sans son cochon, ou comme Sami Nacéri après huit acides. Tu vois ce que je veux dire ? Un jour ici (à Laxou), un jour ailleurs (à Champ- le- bœuf)… Je t’avais péviendu, que nous deux, ça ne durerait pas... Tu savais quelles étaient mes priorités, que ma famille, l'imparfait du subjonctif, mon nez poux, mes amis, ma naminourdiaquejemourrainavec, mon hamster, (dans l’ordre que tu veux) passeraient toujours en premier…
Il est temps pour moi de faire mes bagages et de partir vers de nouvelles aventures…
Mais non ce n’est pas de ta faute.
Mais non tu ne m’as pas lassée.
Mais oui tu m’as donné beaucoup de plaisir…
Mais d’autres plaisirs m’attendent. J’ai envie de faire des choses folles : tricoter une écharpe avec des aiguilles du deux, trouver des chaussures élégantes mais qui ne font cependant pas mal aux pieds, ranger mon placard de salle de bain en jetant tous les médicaments périmés depuis plus de 10 ans, apprendre le tango argentin, trouver un moyen mnémotechnique pour ne plus confondre "erratique" et "hiératique", arroser mon ficus, apprendre à fourrer les dattes (ne cherche pas, il ne s’agit pas d’une contrepèterie) et tant d’autres choses encore plus dingues…
La vie est courte, mon amour et je suis infidèle. Pardon de te faire ça… Surtout le lendemain de la Saint-valentin, c'est vache, je sais. Tu vas souffrir, c’est pas rigolo (surtout pour toi).
Mais je sais qu’un jour, tu trouveras une écriveusette bien gentille, une blogueuse bien coiffée qui cisèlera des recettes de cuisine pour ses copines avec des photos de ses tripes à la mode, ou une mignonne collectionneuse de seringues usagées qui brandira fièrement CELLE qui a vu les fesses du Général de Gaulle (rappel BCG, 1954) et en avertira ses amis seringophiles… Je sais, elles ne seront en aucun cas aussi piquantes, aussi exotiques, aussi sensuelles que moi, elles ne dégageront pas cette sourde animalité qui fait brâmer les cerfs quand je longe la forêt de Haye (ça fout les jetons, ha, les cons de cerfs !) et siffler les militaires devant leurs cavernes, mais elles t’apporteront ce que je ne puis te donner : la sécurité d’un blog tranquille et le reprisage de tes chaussettes.
Déteste-moi, c’est ce qui est le mieux pour toi. Passe ta colère en tapant de tes petits poings rageurs sur ma superbe et proprissime voiture, appelle-moi à toute heure du jour et de la nuit si cela te fait du bien mais, chache, chasse, sasches, sache-le, nous deux, c’est fini.
Sans rancune j’espère,
kiki
PS : tu peux me rendre mon disque de Sheila B.Devotion, c’est un cadeau de ma mémère ?
repéésse : merci à vous, qui m'avez lue, merci pour tout, vraiment, c'était délicieux, ces petits rendez-vous. Merci pour vos mots, vos encouragements, votre bienveillance. A ceux que j'aime et qui, normalement sont au courant du fait, ben, je vous aime. Que vous m'aimiez en retour, en plus de m'épater, me rend heureuse. Shachet... chassez, shassez.. sachez-le... J'ai beaucoup reçu, et en vrai, je suis un peu triste de vous quitter...