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samedi, octobre 07, 2006

pour vos petiots


Un livre que je lis à voix haute à mes 6è.
Je les cale dans les fauteuils, les copines serrées qui se tripotent les cheveux, les garçons qui se poussent et se pincent et je commence à lire.
Au début, devant l'aubaine (un cours où on ne fait rien d'autre qu'écouter une histoire !), ça s'agite, ça discute. Et puis l'émotion monte. A la fin, il y a des mouchages de nez et des essuyages de noeils.

Ca s'appelle : "L'enfant dans la ville. petite conférence sur la pauvreté". C'est effectivement une conférence donnée par Arlette Farge qui est une historienne et une passionnée. Elle raconte.
Son métier d'historienne, de chercheuse. Raconte qu'on connaît les grands évènements, la vie des Nobles, des nantis. Mais on ne sait pas grand chose de la vie quotidienne des petites gens. Et surtout des enfants. Au XVIè, XVIIè siècle, à quoi ils jouaient ? A quoi ils rêvaient ? Aimaient-ils leurs frères et soeurs ?
A. Farge fouille. dans les archives, les bibliothèques. Elle raconte son émotion quand elle retrouve un petit mot, accroché à la layette d'un tout petit abandonné devant une église : " il s'appelle Simon, il a trois mois, je ne peux pas le nourrir. Il aime qu'on lui caresse la joue après la tétée".
Elle parle du rôle joué par les enfants dans la cité. Un rôle primordial, oublié aujourd'hui sous nos lattitudes : c'est lui qui colporte les informations, c'est lui qui communique et fait communiquer.
Et elle s'insurge contre les idées toutes faites, celles qu'on retrouve encore maintenant adaptées aux pays du tiers-monde : les enfants mouraient tellement vite qu'on ne s'y attachait pas. Faux ! C'était un traumatisme terrible de perdre un petit, toujours. Pour les parents, pour les frères et soeurs. L'omniprésence de la mort ne banalisait pas la perte.
Il y avait des "coches d'eau". Des péniches avec des petits casiers, cinquante petits casiers. Les mères, qui ne pouvaient pas élever leurs petits car elles devaient travailler, déposaient leur nourrisson dans ce bateau, avec un seul homme pour tous les bébés. Il descendait le fleuve, glanant les bébés pour les amener à des nourrices à la campagne, moins chères. C'était une hécatombe, un drame.
Arlette farge raconte les jeux, les chansons, les farces, la joie...
A la fin de la lecture, des questions, plein.
Un bouquin vraiment magnifique, à lire à enroulés dans une couverture...

6 Comments:

Anonymous Anonyme said...

ça n'a rien à voir avec ton dernier article mais plutôt avec l'entête de ton blog... saches que mon chat s'appelle spinoza (malheureusement il est très bête, comme quoi l'influence des prénoms..) et qu'il avait peur de mon poisson rouge avant que celui ci ne meure de constipation (dixit la damkivenlépoissonrouges).. joli zasard. LN

2:27 AM  
Anonymous Anonyme said...

et sinon tu payes pour ce merveilleux blog design ou bien?

2:28 AM  
Blogger Dado said...

Au XIXème, il existait dans les villes des "tours d'abandon". C'étaient des lucarnes dans des bâtiments où les mères pouvaient abandonner leurs nouveaux-nés. Ainsi elles conservaient l'anonymat et le bébé n'était pas laissé aux intempéries. Ca s'était mis en place car c'était considéré comme une horreur d'être fille-mère et la grande majorité des abandons découlait de ce contexte. Mais les tours d'abandons favorisaient justement les abandons et une des grandes luttes sociales du XIXème a été d'essayer de les supprimer, de réhabiliter les filles-mères et de leur octroyer une petite allocation pour qu'elles élèvent leur enfant et ne l'abandonnent pas. De plus, les enfants abandonnés étaient considérés comme de la vermine. On peut le voir dans les romans sociaux de l'époque, par exemple le Oliver Twist de Dickens.

Et il est aussi complètement faux d'imaginer que la mortalité infantile entraînait un manque d'attachement pour l'enfant. Par exemple, on voit clairement dans le Frankenstein de Mary Shelley qu'elle a été totalement traumatisée par la perte de ses deux premiers enfants en bas âge et qu'elle jalouse les familles qui ont pu garder des enfants. C'est sensible aussi dans l'oeuvre de la plupart des littérateurs de cette époque qui ont perdu de jeunes frères et soeurs. Goethe traînait une lourde culpabilité parce qu'étant enfant, il avait souhaité par jalousie la mort de son jeune frère et celui-ci est mort d'une maladie peu de temps après. Et dans le Wilhelm Meister, il y a un épisode avec une mère qui devient folle à la mort de sa fille.

2:06 PM  
Blogger l'écrivaillonnne said...

Tout à fait !
Je viens justement de relire Oliver Twist, que j’adore parce qu’il est furieusement drôle, ou drôlement furieux. Le sort réservé aux orphelins est terrifiant !
Elisabeth Badinter, dans « L’amour en plus », dresse un historique édifiant de l’attachement maternel.
Elle explique que, paradoxalement, les enfants des bourgeoises et des nobles avaient statistiquement moins de chances que les pauvres de mourir en bas âge. En effet, ils étaient confiés à des nourrices « mercenaires », qui, évidemment, nourrissaient en priorité leur bébé. Alors, les gosses des rues avaient le lait ET l’amour. Car l’attachement ne se fait que dans la proximité quotidienne. Les riches, ne voyant leurs rejetons qu’à de rares occasions , se faisaient une raison de leur décès. Et ils mouraient, ces petits, privés de tendresse.
Une expérience faite sur des bébés chimpanzés montre que s’ils sont obligés de choisir entre de la nourriture et une pelisse douce, ils préfèrent se laisser dépérir… l’affection, les caresses, les tendresses, créent et entretiennent l’affection. Je crois que c’est pour ça que les père d’aujourd’hui aiment véritablement leurs bébés : uils les changent, les bercent, les veillent, les embrassent, alors que la génération précédente se contentait d’un rapide baiser à 20h30…

4:53 PM  
Blogger l'écrivaillonnne said...

heu, je m'ai krompée : "statistiquement PLUS de chances de mourir en bas âge...

4:54 PM  
Anonymous Anonyme said...

D'abord, on dit "je m'a krompée". Ensuite, avez-vous vu Le Parfum ? Le passage chez la bonne femme qui "recueille" les orphelins est assez démentiel... Ils doivent être 20 dans la même pièce de 15 mètres carrés, ils essaient d'étouffer le nourrisson pour se faire de la place...

4:08 AM  

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